Une tombe du Néolithique découverte face à Molène
vendredi 17 septembre 2010
Pendant onze jours, cinq archéologues et un géographe ont brassé 60 m3 de terre et de galets.
Photo Lionel Duigou
À Quéménès, la tempête de mars 2008 avait dégagé de grosses pierres dressées. Des fouilles viennent de révéler un nouveau site archéologique.
Entretien
Yvan Pailler, archéologue de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).
- Qu'avez-vous découvert ?
C'est un monument de forme trapézoïdale, d'une vingtaine de mètres de long par sept mètres de large. Il est constitué de pierres dressées, mesurant entre 2,20 m et un mètre.
Au bout, au plus près de l'estran, nous avons découvert un coffre, fait lui aussi de sept ou huit pierres dressées. C'était une tombe. Le monument devait être recouvert de dalles, qui ont cassé.
À l'origine, le tout était sous un amas de terre. Un tertre qui avait disparu depuis longtemps. Mais le monument fut recouvert de dépôts de tempête, de galets et de terre, sur environ un mètre.
- Comment ces pierres sont-elles apparues ?
Après la grosse tempête de mars 2008, David Cuisnier (patron de la ferme-auberge de Quéménès) a repéré un double alignement de pierres. C'est sur le Ledenez Vian Kemenez, un îlot à proximité de l'île, face à Molène.
Une première prospection avait eu lieu l'an dernier. Nous venons d'y passer onze jours. À cinq archéologues et un géographe, on pense avoir brassé 60 m3 à la main !
- Quel est l'intérêt archéologique du site ?
Dans l'archipel, c'est le monument le plus ancien qu'on ait fouillé. La tombe doit dater de 4 500 à 4 300 ans avant J.-C. Et puis, nous y avons découvert un dépotoir plus récent, sûrement de 3 500 ans à 2 900 ans avant J.-C. Une surprise. Le site a donc été réoccupé.
On y a découvert des coquilles Saint-Jacques, preuve que les fonds ont évolué depuis le Néolithique car il n'y a plus de saint-jacques ici. Du boeuf, du cochon, pas mal d'outils. Des haches polies, des silex taillés, des galets biseautés qui servaient sans doute à décoller les berniques, une base alimentaire pour les gens, peut-être pour les animaux aussi.
Cela va nous aider à comprendre le mode de vie au Néolithique et à l'âge de bronze dans l'archipel.
- Quelle est la particularité de l'archipel de Molène ?
L'archipel était déjà séparé du continent mais il formait une grande île. Avec les autres fouilles, comme celle de Molène, qui dure depuis huit ans, on arrive vraiment à reconstituer l'environnement et les modes de vie.
La grande chance ici, c'est qu'il n'y a jamais eu d'agriculture intensive ni de labours profonds. Sur le continent les monuments sont rarement aussi bien conservés.
Recueilli parSébastien PANOU.
Plus d'informations dans le journal Ouest-France