On soigne les patates #1

Je vous disais hier que nous allions attendre que les patates aient germé pour que l'on passe la bineuse ; finalement, nous avons décidé de passer à l'action hier après-midi.

Comme je débute dans l'agriculture*, j'essaie d'apprendre le métier en travaillant avec mon homme, en lisant ses livres et en me renseignant sur Internet. Alors je vais essayer de vous expliquer le pourquoi du comment du binage prématuré de nos champs. Accrochez-vous, ça va être technique !

Il y a deux choses en ce moment qui pourraient nuire à la quantité et la qualité des pommes de terre que nous produisons :
1) le manque d'eau (ça fait plus d'un mois et demi qu'il n'a pas plu),
2) le Rumex (qui n'a rien à voir le médicament contre le rhume) :

Et qui, malgré le manque d'eau s'est considérablement développé dans nos champs :

(tout ce qui est vert, ce ne sont pas des patates, c'est du rumex !)

Alors pour limiter l'effet de ces deux phénomènes sur nos (délicieuses) pommes de terre, nous avons décidé de passer la bineuse sur les champs que nous avons plantés :

La bineuse est tirée derrière le tracteur, et ses dents sont réglées pour passer entre les rangs de pommes de terre, sans les toucher. Ces dents vont "gratter" le sol en surface et cela va permettre :
1) d'ameublir et aérer la couche superficielle du sol,
2) de déraciner les Rumex qui ont envahi nos champs.

 

 

Le fait d'ameublir la surface du sol va permettre de diminuer les remontées capillaires, ce qui va limiter l'évaporation de l'eau du sol, maintenant l'humidité autour de nos plants de patates. Voilà qui est bien utile en cette période sèche ; et comme dit le dicton : un binage vaut deux arrosages ! Et puis comme ça, à la prochaine pluie (espérons quand même que ce ne soit pas dans trop longtemps), l'eau pénètrera plus facilement dans le sol que lorsque la terre était tassée.

Quand au rumex, le passage des dents de la bineuse va permettre de déraciner une partie des plants qui, grâce au temps sec que nous avons (et oui, ça a quand même des avantages), va sécher au soleil. Parce que le problème avec le rumex, c'est qu'il est un féroce concurrent des cultures et qu'il absorbe pour sa croissance une quantité importante de l'eau et des nutriments dont nos pommes de terre auront besoin pour s'épanouir. Il peut donc être responsable d'une importante baisse de rendement. Et quand on sait qu'un pied de rumex peut produire jusqu'à 80 000 graines au court de sa vie, et que les dites graines peuvent germer encore 80 ans après avoir été formées, on comprend bien qu'il faut absolument limiter son développement ! Mais comme nous n'utilisons aucun produit chimique sur nos cultures, nous avons commencé notre lutte contre le rumex par un binage. Mais cela ne sera pas suffisant, il faudra rapidement que l'on intervienne à la main pour tous les arracher un par un.

Et voilà, nous avons terminé de passer sur toute la parcelle :

Ah ah ah ! Tu peux griller maintenant vilain Rumex !
(petit rire sadique)

Par contre,là, c'est à mon tour d'aller prendre soin de moi, parce que le binage par temps sec, ça laisse des traces :

fond de teint agricole

Allez, courage les petites patates, on s'occupe de vous !

* j'étais éducatrice en milieu marin avant que nous postulions pour le projet, et j'ai toujours habité en ville, alors que David habitait la campagne Sarthoise et a des grands parents agriculteurs.

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Ferme Insulaire de Quéménès
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