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Opération Mouts

Je te vois déjà sourire, toi le lecteur qui a suivi nos [més]aventures moutounesques. Oui, tu ris encore de nos multiples essais à les envoyer sur le Lédenez* à pied, à cheval ou en bateau...

* Un Lédenez est un îlot rattaché à une île par un cordon submersible à marée haute. Celui de Quéménès fait 4 hectares et est couvert d'une végétation épaisse de graminées.

Oui mais là, on a été bons. Voire même très bons. On peut le dire, une organisation du feu de Dieu, un programme presque sans failles et on ne s'est même pas chamaillés Dave et moi, c'est pour dire...

J'ai juste trempé mes pompes, j'avais pas prévu les bottes dans le plan.

Retour sur trois jours de moutoneries. Oui, il nous fallait quand même trois jours pour réussir.

Cela fait plusieurs semaines que l'on prépare l'évacuation d'une partie du troupeau vers l'abattoir. C'est pas spécialement que l'on en ait ras la casquette qu'ils nous saccagent nos patates (je ne vous ai pas raconté qu'ils sont rentrés dans l'écurie à patates l'autre jour ? Oui, parce que manger celles qui étaient encore en terre, c'était trop difficile : fallait gratter avec le sabot, tout ça ; alors que dans l'écurie, elles sont déjà toutes sorties, et calibrées en plus ! C'est nettement plus facile à manger... Sales bêtes.) et nos semis de couvre sol, mais avec presque 100 bêtes, ça commençait à faire beaucoup pour l'île. Et puis il serait temps qu'ils nous rapportent quelques chose, avec tout ce qu'ils ont gâché de patates et de semis. Et d'énergie humaine à leur courir après (physique et morale, parce que par moments, on est quand même un peu démunis devant leur QI)...

Donc voilà, cette année, on garde 50 brebis et le reste du troupeau part à l'abattoir. Sur le continent, tu appelles la bétaillère, ton chien regroupe le troupeau et hop, tout le monde part.

Ici, les chiens sont interdits pour protéger l'avifaune et la bétaillère n'est pas amphibie.

Bon, on va se débrouiller.

Donc quelques semaines de réflexions et d'organisation plus tard, voilà le plan. On sépare le troupeau en 4 lots : 2 lots qui partent à l'abattoir, et 2 lots qui restent sur l'île. On décide d'emmener ceux qui restent sur le Lédenez de Quéménès parce qu'avec la sécheresse, il n'y a plus rien à brouter sur l'île, et il faut absolument que l'on protège nos semis d'engrais vert. Et que l'on ne peut pas rester sur l'échec de la dernière fois, c'est notre honneur (?) qui est en jeu.

 

Pour ceux qui partent à l'abattoir, le programme c'est :

  1. vérifier les boucles d'identification (parce que pas de boucles, pas d'abattoir),

  2. chargement dans la remorque du tracteur,

  3. transport en remorque jusqu'au bateau,

  4. chargement dans le bateau,

  5. transport en bateau jusqu'au Conquet,

  6. chargement dans notre camion (enfin, je dis camion... un Jumpy, quoi),

  7. trajet jusqu'à la ferme de Kéroudy où ils seront parqués en attendant la bétaillère.

 

Pour ceux qui restent :

  1. vérification des boucles parce que tout le monde doit avoir des boucles électroniques en 2013, donc il faut commencer à relever les numéros des anciennes boucles métal,

  2. chargement dans la remorque du tracteur,

  3. traversée du sillon jusqu'au Lédenez,

  4. Déchargement au Lédenez et prière à Saint Sillon pour qu'ils n'aient pas envie de rentrer à la ferme dès la prochaine marée (ils nous ont déjà fait le coup...).

 

Début des hostilités : Dimanche 16 octobre après le déjeuner.

Étonnamment, on arrive à rentrer tout le monde dans l'enclos sans trop de course. On refait quand même un tour de l'île pour vérifier qu'ils n'y en aient pas qui soient restés cachés quelque part, mais non, tout le monde est bien là. Maintenant il faut les prendre un par un pour contrôler les boucles et charger le premier lot qui va au Lédenez. 15H34, on est prêts à partir avec le premier lot pour le Lédenez. Faut pas qu'on traîne, la marée remonte (c'est stratégique, comme ça ils seront coincés pour au moins une dizaine d'heures, ce qui devrait leur laisser le temps de se rendre compte que c'est quand même super là-bas).

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 On arrive à la cale, on descend le cordon le galet et on se dépêche de traverser le sillon parce que la marée est déjà bien montée.

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Évidemment, plus personne n'a envie de descendre de la remorque maintenant et il faut pousser tout le monde pour qu'ils descendent (!!!)

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haaaa, mais l'herbe est bien haute par ici, on ne voit presque pas les mouts dépasser de la végétation :

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Bonne nuit les petits, on revient bientôt avec le reste du troupeau.

 

Lundi matin, tôt.

Aujourd'hui, on envoie les deux lots qui partent à l'abattoir. Maintenant on sait comment charger le bêtes dans la remorque, mais le chargement dans le bateau puis dans notre camionnette, ce sera une première, alors il y a un peu d'appréhension ... Et peu de temps pour prendre des photos.

A 11h23, les 19 premiers moutons sont chargés dans le bateau.

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Nous avions reculé la remorque jusqu'à venir en travers du bateau et ensuite on a fait passer chaque mouton par dessus le plat-bord pour descendre dans le bateau. On a bien serré tout le monde pour éviter les mouvements de panique pendant le trajet jusqu'au Conquet, et on est partis. Bon, 100023 n'a pas été plus perturbé que ça pendant le trajet, il a même essayé de se reproduire avec tous ses voisins (même les mâles) ; il a du se croire définitivement perdu, c'est un peu notre Jean-Claude Duss à nous (cf. les bronzés font du ski).

Arrivés au Conquet, il fallait encore charger tout le monde dans le camion. Et 19 moutons dans un Jumpy, c'est un peu juste en fait. On a reculé le camion perpendiculaire à la cale jusqu'au bord et les deux portes ouvertes permettaient de guider les moutons vers l'intérieur. Après avoir aidé les premiers à monter, les autres ont suivi tous seuls. Et nous sommes partis pour Milizac, direction la ferme de Kéroudy. Les Milin nous ont prêté un petit enclos dans leur ferme pour pouvoir stocker nos mouts en attendant le passage de la bétaillère Mercredi. Voilà donc le premier lot arrivé, il faut maintenant repartir chercher le deuxième.

Il est 13h30, on rentre sur Quéménès. Miss Chlo en profite pour faire la sieste dans le dos de Papa.

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14h36, le deuxième lot pour l'abattoir est chargé (quand je vous dis qu'on devient bons), prêt à partir pour le continent. C'est là que je n'avais pas prévu les bottes. Quand Dave m'a dit : "non mais là il faut que tu montes dans le bateau", j'ai comme qui dirait eu un petit moment d'absence en voyant qu'il y avait 50cm d'eau tout autours du bateau, et que, vraisemblablement, j'allais passer le reste de la journée dans mes chaussures mouillées.

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Notre assistante est maintenant en pleine forme :

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En route !

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Bon en fait, notre assistante pique un nouveau petit roupillon. C'est que l'on est tellement bien dans le Manduca de chez Louli des bois ...

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On arrive au Conquet (le phare de Kermorvan à l'arrière plan) :

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On recommence notre chargement et retour à Kéroudy pour emmener les derniers mouts.

Heureusement, Damien va nous prêter son jet d'eau pour rincer le camion. Parce que 35 mouts qui ont la trouille enfermés dans un Jumpy pendant 20 minutes, ça laisse des traces... Et moi demain, je dois prendre le camion pour aller faire le contrôle technique du 5ème mois de grossesse à Brest. Je ne suis pas sûre que mon parfum « trouille de mouts » ferait fureur dans la salle d'attente...

Donc Mardi, c'est pause dans l'opération mouts et journée spéciale maman : coiffeur, magasins, esthéticienne, magasins, échographies et contrôles en tous genres... Donc tout va bien, mes poils sont en pleine forme et le bébé aussi.

Et Mercredi, c'était le grand final du mout : le dernier lot à emmener au Lédenez.

Voilà les heureux élus (quand je vous disais qu'il n'y avait plus rien à manger) :

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On recule la remorque à la sortie de l'enclos :

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On bloque les mouts dans le corral :

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Et y'a plus qu'à charger !

Une dernière vérification avant de descendre le cordon de galets, et c'est parti pour la traversée du sillon :

Nous voilà arrivés au Lédenez. Nous partons à la recherche des autres mouts pour que tout le monde se retrouve rapidement. On suit les traces de pattes dans le sable, et évidemment, il a fallu qu'ils partent tout au bout du Lédenez (sales bêtes).

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Mais là, vous vous demandez pourquoi Dave a pris un bidon avec lui ?

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C'est parce que ça fait quelques mois qu'il y a un bidon d'huile de vidange sur le Lédenez. Ne me demandez pas comment il est arrivé là, toujours est-il que des petits rigolos avaient piqué le bouchon du dit bidon, du coup on ne pouvait plus le ramener sans risquer de renverser la moitié de l'huile dans le tracteur. Alors cette fois-ci, Dave a emmené un bidon de rechange, et a transvasé l'huile dans son bidon bouchonné. Beurk.

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Ah, voilà enfin nos mouts ! En même temps, ils pouvaient difficilement aller plus loin... Sales bêtes.

Nous les ramenons vers le tracteur où se trouvent leurs copines :

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Il est temps maintenant de libérer tout ce petit monde :

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En tout cas, ils ont l'air contents de se retrouver ! S'ils ne rentrent pas avant (Saint Sillon, PPN), nous allons les laisser sur le Lédenez jusqu'en février et nous les rentrerons avant les premiers agnelages. Cela devrait permettre à l'herbe de l'île de repousser et aux semis d'engrais vert et de couvre-sol de prendre avant leur retour. Mais pour ça, il faudrait qu'il pleuve...

Il est temps pour nous de rentrer à la ferme. Encore quelques photos pour immortaliser ce grand moment :

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Et un dernier petit au revoir au troupeau :

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Ça y est, nous sommes rentrés du côté « fun » (cf. Madagascar) ; en arrière plan, le Lédenez avec nos mouts. Et j'ai pas l'air, là, mais en fait je suis super contente :

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Béééééééééé*,

Soizic.

 

* Ça veut dire « bonne journée » en mout.

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Commentaires

  • Que d'aventures....

  • et bah vous avez des journée bien remplis... bonjour a vous trois et demi. on vas essayer de vous envoyer de l'eau de Normandie parce que ici ça ne manque pas pfffff bon courage et a bientôt c'est toujours un plaisir de vous lire.

  • Poudiou, je viens de finir la lecture et comme dans les meilleurs livres d'aventures, je n'ai pas pu décrocher avant de savoir la fin. Je suis crevée par tant de palpitations. Bon repos(post moutmouts) et bon courage.

  • Qui dit sécheresse, dis plus d'eau pour vous non plus ???
    Vos citernes ne doivent pas être bien hautes ??
    comment faites vous ??

  • et dites moi Chloé votre petite quel age à t'elle ? deux ans et demi c'est bien ça ?
    cet vraiment une belle enfant !!!
    nos compliements au papa et a la maman !!!


    bien a vous OLivier et annie

  • Trop mignonnes les photos de Miss Chlo et ce grand sourire ... ahhh ce sourire sur fond ocean, meme dans les yeux... Bon, a quand James Bond et mission Mouts ? Tout y est pourtant : strategie, suspense, moyens techniques, humour et grande classe avec le vent du grand large en prime.. Vous savez quoi ? Ca fait du bien quand on est coince au fond d'un metro gris dans le tunnels noirs, et qu'il fait nuit matin et soir, de penser que quelque part sur votre ile, y a des mouts heureux de se retrouver sur un estran avec de l'herbe jusqu'aux oreilles... C'est comme le grelot du petit prince de St-Exupery, quelque part sur une etoile tres loin et on continue de l'entendre dans sa tete meme si on ne le voit plus... Bises d'un ciel lyonnais tout gris ce matin..

  • yep,

    ça y est ,j'ai refait mon retard blog.

    je dis,c'est juste enorme.
    les mouts n'ont pas fait un pli cette fois.

    et pourtant,ils étaient quand même favoris chez les boucs-makers.
    vu ce qu'ils vous avez mis il y a quelques mois au match aller.

    juste enorme

    ...mais je suis sûr qu'ils vous préparent un coup...

    ps: quand t'auras 5 minutes,j'ai hâte de te lire à propos du compte pro à 4000 euros.
    là aussi,ça doit friser le sublime.

    à la poste c'est comme avec les mouts: on est rarement déçus,et ça touche même parfois au surnaturel...toute leur energie neuronale est concentrée et destinée à te rendre dingue,toi,juste toi,le jour où faudrait pas justement...
    et ça marche comme ça partout sur le territoire nationnal,c'est ça qui est beaux,ce n'est pas réservé qu'à un ou deux bureaux et qu'à un ou deux usagers chanceux (ou pas)...

    on croirait que j'ai fréquenté ebay quelques temps pour avoir autant d'animosité envers "l'homme postal"

    juste énorme

    Bises
    Al

  • excelent récit !!!Pas de tout repos l'aventure mouts , y'a pas d'ennui par chez vous ...lol
    bon je vous aurais bien envoyé la flotte parce qu'il dans le sud ,ça baigne grave !m'en vais lire la suite ,version patates .... :))

  • Bonjour Soizic,

    Je suis très contente d'avoir découvert ton blogue ; de belles photos, je sens presque le vent du large sur mon visage et puis on y parle aussi de gastronomie et de produits de la terre amoureusement cultivés.
    Comme je suis une grande "joueuse", je participe avec plaisir à ton concours et voici mes réponses :

    1) Comment s'appelait notre grosse cochonne ? Bergamote

    2) Quelle est la durée minimum d'un séjour à la chambre d'hôtes ? deux nuits = 3 jours

    3) Quelle est la particularité des saucisses du colis "repas d'Iroise" ? saucisses fumées aux algues

    Bien amicalement et bonne continuation à vous,

    Dominique

  • Les Irlandais balades aussi leurs moutons en bateau d'iles en iles, et vous vous buvez aussi de la bière lol

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